Sylvain Cypel dans la derniere edition du Monde fait une critique du modele d'Harvard Business School...
Quelques extraits pour vous faire un avis:
"En crise, Harvard Business School ? " Certainement pas ! Souvenez-vous que nous avons été fondés, il y a un siècle, précisément en réponse à une grave crise financière. Cette fois aussi, la société américaine a plus besoin de nous qu'avant la crise, pour que nous soyions encore mieux capables de former ses futurs dirigeants. " Jay Light, recteur de la plus fameuse école de gestion des affaires au monde, est un adepte de la méthode Coué. Il ne peut pas ignorer que sa vénérable institution est aujourd'hui contestée. De l'extérieur, mais aussi, à mots couverts, de l'intérieur. Lorsque nous l'avons rencontré, il allait réunir ses enseignants pour un séminaire, fin mai, destiné à réfléchir aux changements que le bilan de la crise économique induit pour l'école. Un séminaire " fermé pour qu'aucun sujet ne soit tabou ", assurait Jay Light.
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Personne ne s'étonnera qu'une fois la bise venue, Harvard soit apparue comme le creuset de toutes les dérives. Les critiques à son égard sont de deux ordres. D'abord, elle s'est complètement enfermée dans une " vision unique ", ultralibérale. Voulez-vous mettre mal à l'aise ses dirigeants ? Posez la question suivante : pourquoi les rares à avoir anticipé la crise – les Nouriel Roubini (New York University), George Akerlof (Berkeley), Robert Shiller (Yale) – sont-ils des généralistes de l'économie, pas des spécialistes des affaires ? Jay Light balaie l'argument : " Personne n'a prévu cette crise-là. " Mauro Guillén, professeur de management à la Business School de Wharton à Philadelphie, tente une explication : " Ceux qui étaient hors du système avaient l'avantage de la distance. " Etonnant plaidoyer : les financiers prétendaient jusque-là que pour comprendre leur monde, il fallait l'appréhender " de l'intérieur ". Et voilà qu'être " dedans " aurait constitué un handicap pour percevoir la crise…
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Sur le site de Harvard, la fiche biographique de Jay Light explique qu'il est " directeur de plusieurs sociétés privées et conseiller ou administrateur de firmes de capital-investissement ". HBS se serait très éloignée de la maxime de son premier recteur, Edward Gay : l'école devait enseigner comment " gagner honnêtement un bénéfice correct ".
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On insiste : y avait-il, à Harvard, des analyses de cas spécifiques sur les dangers du risque systémique ? " Non, admet-il. J'ai enseigné le risque il y a trente ans, mais cela n'existait plus depuis longtemps. " Quant à la régulation, le recteur se veut honnête : " On aurait dû en faire plus. " Mais il a constaté " une désaffection constante des étudiants à ce type de cours ". Si cet enseignement a été progressivement abandonné, c'est que les élèves n'en voulaient plus. L'esprit entrepreneurial aime le risque, pas les règlements.
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Et une petite pique en conclusion:
" Nos étudiants sont vraiment excellents, leur degré de confiance en eux très élevé, analyse Mauro Guillén, le professeur de Wharton. On leur infuse des valeurs élitistes, on leur répète qu'ils sont les futurs décideurs. On forme des gens qui se prennent très tôt pour les rois du monde. C'est facile, dès lors, de perdre le sens des choses. Ce système doit absolument changer. " Un discours qu'aucun des détenteurs d'un poste décisionnaire de Harvard ne nous a tenu. L'avenir de l'institution se joue peut-être là."
A vous de juger!
Pour vous inspirer, quelques commentaires des lecteurs du Monde:
antoineged 06.07.09 | 08h43 Harvard a fait la démonstration que ses étudiants n'ont pour seule ambition : 1) que d'obtenir un parchemin prestigieux même si l'enseignement dispensé s'avère totalement déconnecté de la réalité. 2) de profiter d'un réseau d'anciens complaisants qui, par un copinage éhonté, les propulseront vers des postes à haute responsabilité. Conclusion : Ce n'est pas là que l'étudiant de valeur pourra utiliser son esprit critique à l'élaboration de nouvelles théories économiques pourtant si nécessaires.
VISITEUR DU SOIR 04.07.09 | 21h48 Le tableau d'Honneur de Harvard Business School est éloquent ....La doctrine de cette boite se résume ainsi " Prends le fric,et casses toi"
Mp 04.07.09 | 07h29 Je ne vois qu'une seule solution raisonnable: supprimer le département de finance d'Harvard.
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